Euro-croissance : évolution ou révolution ?

Le contrat Euro-Croissance est né du rapport Berger-Lefebvre.

L’idée était de créer un nouveau support au sein des contrats d’assurance vie pour faire de nouveaux contrats d’assurance vie, avec l’objectif de proposer une alternative aux fonds en euro traditionnels et support permettant de financer de façon plus effective la croissance économique nationale.

Double objectif devant être rempli par le fonds Euro-Croissance.

L’alternative aux fonds en euro traditionnels était un questionnement fondé. La simple observation du taux de l’obligation de l’état français à 10 ans sur les dernières années permet de comprendre qu’un assureur ne pourra durablement continuer à servir 2,50 net en achetant des obligations dont la rentabilité est nettement inférieure.

Le rendement est donc structurellement orienté à la baisse.

Cependant, ces fonds en euro ont deux avantages qu’aucun autre fonds ne propose.

  • Celui de fournir une garantie en capital permanente et quotidienne,
  • Un effet de cliquet certifiant que les gains acquis chaque année ne peuvent pas être remis en cause.

L’idée qui a présidé la naissance de l’Euro-Croissance était que cette garantie en capital quotidienne interdisait à l’assureur une prise de risque trop importante qui, elle-même, entravait la performance dans le temps.

Ainsi, la mission était de dire qu’il fallait « déporter » la garantie dans le temps, afin de permettre une prise de risque plus grande. L’Euro-Croissance comprend cette analyse.

Précisons qu’il ne s’agit pas d’une réelle révolution puisque des fonds identiques existaient déjà, à la marge il est vrai, proposés par certaines compagnie d’assurance (exemple CARDIF) ou plateformes (exemple NORTIA).

Le montage technique de ce fonds reste complexe puisqu’il implique de gérer deux poches distinctes au sein du même fonds.

  1. Une première poche appelée provision mathématique, dont l’objectif est de garantir, à l’échéance choisie par le client, le capital. Il va donc être très majoritairement investi avec l’idée que le rendement, sur la durée choisie, permettra de reconstituer le capital.
  2. Exemple : il faut une provision mathématique de 75 € pour, sur un horizon de 10 ans, garantir 100 % du capital, dès lors que le rendement de cette provision est de 3 %. Or, aujourd’hui, les rendements sont très inférieurs à ces 3 %, ce qui implique que la provision mathématique devra être bien plus élevée à un horizon de 10 ans.
  3. La deuxième poche s’appelle la provision de diversification. Elle a pour objectif de créer de la performance sur la durée. Elle devrait donc être majoritairement investie en actions. Cette poche serait bien plus volatile et pourrait varier à la hausse comme à la baisse de façon bien plus importante. Toutefois, l’assureur n’ayant pas de contrainte quotidienne de garantie en capital est censé s’affranchir plus facilement de cette volatilité et la transformer en performance. Pour que la mécanique fonctionne, il est toutefois important que la poche de diversification soit suffisamment importante, sinon, cette promesse de performance à horizon long terme risquerait d’être déçue.
  4. Compte tenu de ces remarques, faut-il ou non s’intéresser à ce fonds ?
  5. Notons également que la construction-même du produit et le fait que chaque souscripteur aura une date de garantie en capital différente rendent complexe la gestion pour l’assureur.
  • Soit l’horizon de placement est réellement à très long terme et dans ce cas, l’assureur pourra, y compris sur un complexe de taux très bas, gérer une poche de diversification suffisamment importante pour permettre une promesse de performance significative.
  • Soit l’horizon est de 8 ans et il nous semble que, compte tenu du contexte actuel de taux, la poche de diversification ne permettra pas, comparativement à un fonds en euro classique, de différencier réellement la performance.

En conclusion…

Il s’agit plus d’une évolution que d’une révolution à notre sens. Ce fonds mérite d’être regardé comme une alternative possible à une allocation 100 % fonds en euro.

Toutefois, comme tout produit financier, le timing de son acquisition sera important et, tant que les taux resteront à des niveaux très bas, il y aura peu d’intérêt de souscrire.

N’hésitez pas à nous interroger pour toutes précisions.

STANISLAS PATRIMOINE